mardi 1 septembre 2009

Voir le Japon... # 2

Mardi 1er septembre : premiers pas

Le vélo à Tokyo, c'est presque comme à Paris : on roule à droite ou à gauche, sur la bande cyclable ou pas, on prend les sens interdits et on se permet même, ô horreur, ô chose inimaginable dans un pays si policé, on se permet donc de passer au feu rouge, d'emprunter les passages cloutés. C'est donc par le vélo que l'anarchie s'introduira au Japon et le videra de tous ses principes et de toute morale collective. Cependant il faut noter quelques différences avec notre vieille Europe : ça se passe dans le calme, on voit peu de gymkhanas dangereux ou de passages en force, les voitures (elles sont rares à Tokyo, c'est pour nous une grande surprise) n' invectivent pas les cyclistes et acceptent bien ces méthodes de circulation déconcertantes. Quant aux vélos eux-mêmes, ce sont presque toujours de robustes vélos à l'ancienne, au guidon très relevé et très en arrière, munis d'un panier à l'avant et d'un porte-bagage. Manou et Stéphane ont charrié des matelas dessus, et on a plusieurs fois rencontré une Japonaise transportant un enfant dans un siège à la place du panier avant... et un autre dans un siège fixé sur le porte-bagage.

A la station d'Ookayama, une fois les vélos garés dans une ruelle – où le stationnement des vélos est interdit : on se met vite à la page – il faut à nouveau comprendre les tableaux, les distributeurs de billets, les plans en japonais. Heureusement, il existe dans chaque station un bureau avec des employés qui nous aident à nous repérer, et de toute façon les Japonais sont exceptionnellement serviables : il suffit de regarder le plan du réseau avec intensité pour que quelqu'un essaie de nous tirer d'embarras, quitte à nous accompagner jusqu'au métro désiré... ou à donner dans son désir de rendre service des indications erronées.

Première destination : la station Otomachi, quelque part dans le centre de Tokyo (attention, la notion de centre n'a pas grand sens ici : on trouve plusieurs centres, assez éloignés, dans cette ville qui est elle-même au centre d'une agglomération gigantesque, la plus peuplée du monde tout simplement avec ses 32 ou 33 millions d'habitants. Otomachi, c'est une immense station aux immenses couloirs au long desquels se succèdent boutiques et restaurants.

On se lance, pour boucher notre petit creux ? Pour nous faciliter la tâche, chaque restaurant affiche la photo en couleurs de ses plats garnis et leur prix. A première vue, plein de mets inconnus, pas toujours engageants : on va essayer de jouer la sécurité, avec nouilles, crevettes, riz, et des algues...; pas terrible ou trop loin de nos habitudes ? Bof....

Le quartier où nous émergeons est constitué d'immenses bâtiments récents, luxueux.

Tout près se trouve un parc, le Kôkyo Higashi Gyoen, entouré de douves profondes avec hérons et cygnes barbotant : une partie de l'ancien domaine impérial. De larges allées courbes, des arbres (cèdres, érables... et d'autres inconnus) très élevés parfois, un immense jardin botanique autour d'une pièce d'eau dans laquelle se bousculent d'énormes carpes oranges, blanches ou tachetées, comme on en verra un peu partout dorénavant. Dispersées dans le parc, s'élèvent d'anciens corps de garde et une maison de thé en bois, ainsi qu'un petit musée montrant un certain nombre de tenues d'apparat et de pièces de vaisselle tirées du trésor impérial.

Reprenant le métro, on arrive bientôt à Ginza, et on déambule le long de l'avenue Chûô Dôri, où les boutiques, un peu m'as-tu-vu, arborent les noms de Gucci, Chanel, LVMH, Chaumet : sommes-nous sur la Croisette ou les Champs-Elysées ? Une foule importante déambule, jeune surtout, la majorité en costume noir pour les hommes, en robes ou jupes sages, à part quelques ados excentriques, pour les filles. On visite rapidement les 7 étages d'une papeterie, et on trouve avec plaisir une pâtisserie française avec tous les gâteaux de « chez nous ». Plus loin, nous arrivons au vieux théâtre Kabuki Za où l'on peut entrer pour voir une heure de spectacle sur les quatre ou cinq d'une séance complète... mais seulement quand il y a une représentation, ce qui n'est pas le cas ce soir.

Métro à nouveau (merci aux serviables Japonais), vélo, et retour à la maison à la nuit, qui tombe ici tôt, car on respecte l'heure solaire, sans doute pour se lever plus tôt et travailler plus (un rêve sarkozyste? Les jeunes reviennent bientôt, et Manou nous concocte un repas à nouveau bien sympa, en commençant à nous familiariser avec le poisson cru : ce soir ce sera du saumon, fondant, doux... et délicieux. On termine le repas en goûtant à ce qu'on a rapporté avec nous.

Après le repas, on prend un long temps de discussion et de préparation de la journée du lendemain, et quand nous allons nous coucher nous voyons « les enfants » se lancer avec application dans la révision de leurs cours de japonais.

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