vendredi 11 septembre 2009

Voir le Japon... # 12

Vendredi 11 septembre : philosophons....

Il nous faudra encore quelques siècles au moins pour nous habituer au futon... Le réveil en est facilité et nous sommes assez tôt au petit déjeuner.

Ce matin, nous commencerons par le Ni Jo Jo, un ancien palais shogunal (le shogun était le chef militaire qui très longtemps a détenu la réalité du pouvoir dont l'empereur ne conservait que les apparences), pas très loin du centre ville, mais assez cependant pour prendre le bus qui suit de larges avenues et traverse deux rivières (les branches du Y qui traverse la ville) aux berges aménagées et fleuries. Le palais, où fourmillent les touristes, est entouré de douves qu'on franchit par un pont pour entrer dans une large enceinte carrée, par une porte à l'allure chinoise, et pour se retrouver devant un grand pavillon à la toiture dorée, ou plutôt trois pavillons accolés qu'on ne peut visiter qu'après s'être déchaussés.
A l'intérieur, le long des murs court un couloir éclairé par des fenêtres en papier : les pièces à vivre ou de réception sont de l'autre côté, isolées de l'extérieur, et souvent modulables. Les murs sont décorés à la peinture d'or, montrant des arbres mille fois répétés (cèdres, cerisiers, pins...), les plafonds sont constitués de carrés de bois tendus de papier ou de tissu rouges. Quant au sol, il est parqueté; on trouve en particulier le fameux « parquet rossignol » dont les grincements harmonieux, voulus, avaient pour but d'alerter de l'approche de conspirateurs : c'est une volière entière qui semble s'envoler des pieds des visiteurs. Les pièces ne sont pas meublées, mais dans certaines sont reconstituées des scènes de l'ancien temps, avec figurants en costumes - en cire.

A l'extérieur s'étendent plusieurs jardins, avec pièces d'eau, dont l'un nous semble largement, surcoté par le guide qui lui attribue trois étoiles. Nous y flânons un bon moment.


Sur le chemin du retour, nous descendons du bus à Ponto Cho, l'un des quartiers de Tokyo qu'il faut avoir connus dans l'animation du soir, mais c'est pour rechercher, dans cette zone de boutiques et de grands magasins, les galeries couvertes recommandées par le guide: Teramachi et Shinkyogoku, espaces ordonnés foisonnant de produits divers et animés, coupés par une galerie transversale proposant poissons emballés et préparés, fruits souvent emballés à l'unité, boissons, épices et infusions, légumes et céréales, mélanges divers. Nous y grignotons en guise de repas des brochettes de tofu grillé, spécialité rare.

Après la sieste d'Yvette il reste peu de temps avant la nuit : allons parcourir la « promenade de la philosophie » au nord-est, en commençant par le Kinkaku Ji ou Pavillon d'argent. Après une belle porte d'entrée bien restaurée, on est tout près dudit pavillon, dont la forme tranche avec celle des temples qui se succèdent sous nos yeux depuis quelques jours : c'est un simple cube, d'une dizaine de mètres ou un peu plus, surmonté d'un toit. La couverture d'argent qui devait éclairer les murs n'a jamais été posée, et de toute façon il est entouré d'échafaudages, en rénovation.

Tout autour se succèdent des jardins entretenus avec un soin maniaque : un tout petit jardin minéral tout d'abord, aux vagues de sables parallèles, et c'est donc le premier jardin zen que nous découvrons. Puis lui succède un parc dont les allées montent et descendent en longues courbes, entre des barrières de bambou derrière lesquelles s'étendent des parterres de mousse où pas un brin ne dépasse (sans aucun doute, les jardiniers travaillent ici aux ciseaux, sinon au rasoir!) ; elles franchissent un ruisseau qui se jette dans une petite pièce d'eau et finalement nous ramènent au point de départ.


Au bas du Kinkaku Ji commence la « Promenade de la philosophie » qui longe un canal ombragé au long duquel se succèdent d'impressionnantes villas, attirées par l'atmosphère de sérénité et le silence qui règnent. Imaginons un Socrate nippon devisant, entouré de ses disciples, au long de ces quelques kilomètres... Au bout d'un quart d'heure nous abandonnons cette promenade et nous jetons dans un bus pour aller voir un parc qui semble tout à fait remarquable et qui entoure, à quelque distance, le temple Haien Ji. Hélas, la nuit s'approche déjà et nous sommes refoulés.

Rentrer? Nous sommes tout près du quartier de Gion, l'une des attractions nocturnes de Kyoto : profitons-en. Des lanternes sourdes rouges éclairent à peine de magnifiques maisons de bois au milieu desquelles flânent de nombreux touristes, dont beaucoup d'étrangers. Les prix affichés ont visiblement été réévalués en fonction de la notoriété du quartier... A l'entrée du temple Heinan Ji se dresse un théâtre de 200 places où l'on peut en deux heures s'initier, ou plutôt aborder la découverte de pans essentiels de la culture japonaise : la cérémonie du thé, la confection de bouquets, la musique traditionnelle, le mime, le théâtre, la danse, et les marionnettes étonnantes : un court spectacle (avec traduction en anglais) nous raconte la triste histoire d'une malheureuse jeune fille représentée par une grande marionnette au costume rayé de rouge, manipulée par deux hommes qui dansent une sorte de ballet autour d'elle, mais presque invisibles sous leur costume et leur cagoule sombres ; son expression et sa gestuelle sont sidérantes.


Pour finir cette journée culturellement bien riche, et avant de retrouver Manou et Stéphane qui sont déjà dans le train pour nous rejoindre, nous allons nous repaître d'une énorme glace... et retournons doucement au Hiraïwa.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire