mercredi 9 septembre 2009

Voir le Japon... # 10

Mercredi 9 septembre : à nous Kyoto!

Aujourd'hui, le petit déjeuner est pris avec Manou et Stéphane, qui nous donnent les dernières consignes et les horaires avant de s'éclipser pour leur travail.
Le temps de raccommoder un pantalon et de boucler les valises, et en route pour Ookayama une dernière fois, puis pour Shinagawa, grande gare d'interconnection où nous nous repérons sans peine grâce aux indications données. Voilà nos billets (25 000 yens, soit pas loin de 200 euros, pour les 420 km, pas donné!), et voici le Nozomi super express, très beau train bleu et blanc confortable et silencieux, avec 5 sièges de front très inclinables... et de la place pour les jambes ; une hôtesse, tailleur et chapeau rond bleu clair, parcourt régulièrement les wagons en se retournant, à chaque fois qu'elle sort, vers l'intérieur avec une révérence.

On ne se perdra pas : les annonces en anglais sont faites au haut-parleur et sur un tableau lumineux, et on peut donc profiter du paysage. La ville est d'abord très dense : c'est Yokohama et ses 5 millions d'habitants (pas mal pour une ville de banlieue!). Puis les maisons se desserrent et rapetissent, formant de gros villages qui laissent entre eux quelques espaces occupés par des rizières, des serres, des éoliennes ou des zones boisées. Parfois on a une rapide échappée vers le Pacifique. Nous délaissons la voiture-restaurant pour manger un bento et un fruit. Au bout d'une heure, nous traversons une grosse agglomération, entourée de zones industrielles et lovée autour d'une baie parsemée d'ilôts : c'est Nagoya, patrie de Toyota et troisième ville du Japon. Puis c'est la région du Kansaï qui commence, sans changement notable dans les paysages.

A 14 heures le train s'immobilise dans une gare démente, un bâtiment de 800 mètres de long sur 300 de large, d'une dizaine d'étages, incluant grands magasins et bureaux (ou habitations, peut-être) dans lequel les trains circulent sur deux niveaux... un monstre de béton, mais pas si laid que cela, avec ses flancs en partie recouverts de verre, et son hall démesuré avec sa charpente métallique complexe. Sa construction a fait polémique voici quelques années, et cela se comprend. Il faut d'abord trouver la sortie, ou plutôt, auparavant, trouver l'office de tourisme.
Stéphane nous a bien prévenus : l'ascenseur pour y accéder, au 9ème étage, est situé à l'intérieur d'un magasin, et effectivement après de longues recherches nous finissons par l'y trouver. C'est en prenant cet ascenseur que, pour la première fois de notre séjour, quelqu'un nous passe grossièrement devant ; la civilisation se perdrait-elle? Rassurons-nous, car bien sûr c'était un étranger, européen ou australien peut-être. Muni de nos prospectus, de nos passes pour le bus et des conseils de l'hôtesse, nous débouchons devant la gare où bus et taxis s'ordonnent, devant de longues files d'attente.
Tout près, en face, se dressent les 134 mètres de la tour de Kyoto, cylindre vertical avec un renflement près du sommet, à laquelle la modernité de la gare a donné un incontestable coup de vieux.

L'hôtel Hiraïwa n'est pas très loin, et nous sommes reçus par le sourire de la patronne, à la cinquantaine active, qui nous installe à une trentaine de mètres à l'annexe, un étroit bâtiment dont notre chambre occupe toute la largeur. Cet hôtel est en fait un ryokan, et nous y retrouvons tatamis et futons, ainsi qu'un bain japonais inspiré de l'onsen. Dans la chambre, pas de lavabo ; seulement une table basse, sur laquelle nous attend un plateau à thé avec son thermos d'eau chaude, et un petit poste de télé dont la table est le seul rangement visible. La fenêtre est fermée de multiples panneaux coulissants.
Notre installation est donc vite faite, mais déjà voici un appel de Manou qui nous incite vivement à foncer voir un des temples les plus connus de Kyoto, le Kyomisu Dera. Eh bien soit ! Le temps de se repérer sur le plan, de trouver le bon bus au bon arrêt, de se tromper d'arrêt en descendant, et nous y sommes... En fait nous avons dû traverser à pied la rivière toute proche, bordée d'une promenade très fréquentée, largement envahie de roseaux dans lesquels on aperçoit grands hérons, cormorans et même rapaces ; sur le rive ouest se succèdent d'immenses restaurants à terrasses de plusieurs étages, vides à cette heure-ci.

Et le Kyomisu Dera?


C'est un ensemble de bâtiments (en bois bien sûr) supportés par d'énormes charpentes, accrochés au milieu des arbres le long de la pente et dominant la ville. Deux des principales bâtisses sont prolongées par une grande terrasse, dont l'une, haute de 13 mètres, a, outre une belle vue, une étrange spécialité : qui peut en sauter et ne pas se tuer verra ses voeux exaucés... Ce sont plus de 230 personnes qui ont tenté ainsi le sort, dont un certain nombre n'ont pas réchappé.

Entre ces deux constructions, en contrebas, une foule importante, de jeunes surtout, se presse auprès d'une fontaine, puisant l'eau dans d'immenses louches et la buvant intensément. Renseignements pris, il ne s'agit pas d'un rituel de purification, mais d'un rite pour obtenir... le succès aux examens. Yvette, qui a sûrement des projets de reprise d'études en tête, prend place dans la file et s'amuse de voir que les louches sont systématiquement stérilisées avant d'être passées aux suivants.

Pendant la visite, le soleil boucle sa carrière, en éclairant joliment la ville à nos pieds, en jouant avec les temples, prétexte à de nombreuses photos. C'était en effet une bonne idée d'être là à ce moment. Mais la nuit tombe rapidement et nous rentrons, jetant des regards rapides vers les artisans
poterie, éventails, menus souvenirs, le choix est large, la qualité bonne semble-t-il. Nous achetons dans une boutique de quoi grignoter, et retour au ryokan. Plus tard, après avoir revêtu nos yukatas, fait honneur au bain japonais (un cuveau en inox de 200 litres bien chaud, cf onsen) nous déroulons nos futons en Japonais confirmés...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire