jeudi 10 septembre 2009

Voir le Japon... # 11

Jeudi 10 septembre : Nara

Bien que les futons soient minces, Yvette a dormi comme une souche, sans entendre les cris farouches d'une cliente au milieu de la nuit. C'est à l'hôtel principal que nous allons déjeuner, et on y a même des tartines, et du lait. Plusieurs des clients sont français, et à Kyoto, contrairement à Tokyo, nous entendrons souvent parler la langue de Molière (peut-être vaut-il mieux dire ici la langue de Claudel, puisqu'il a été ambassadeur à Tokyo?)

Nous allons visiter Nara qui fut la première capitale permanente du Japon au 8ème siècle. La gigantesque gare de Kyoto est à un bon kilomètre, et facilement repérable, d'autant que le plan de la ville est très simple : les rues se croisent presque toujours à angle droit, résultat, paraît-il, de l'influence chinoise. Le train n'est pas le Shinkansen ! Bien que baptisé express il met 45 minutes pour parcourir 45 kilomètres. A la gare de Nara, une hôtesse de l'office de tourisme nous concocte un itinéraire en précisant les bus à emprunter, et en route vers Nara Goen, à l'est, où se regroupent les temples. Le bus qui nous y conduit est une antiquité en grande partie en bois, mais qui roule encore fort bien.

Dès que nous atteignons Nara Goen, surprise : qu'est-ce que ce peut bien être, cette bête, ces bêtes plutôt qui se mêlent aux visiteurs? Ce sont des daims, qui vivent en toute liberté dans le parc, et en sortent même pour aller en ville à l'occasion. Ils sont plus de 1200, extrêmement familiers, quémandant à manger, allant jusqu'à saisir le sac d'une touriste ou attraper ce qu'elle tient en main. Les vieux mâles ont les bois coupés, sans doute pour éviter qu'ils ne deviennent dangereux, et des baraques vendent en sachets des sortes de galettes spéciales pour les nourrir. Après cet intermède bucolique, repartons à la découverte des temples.

Le premier est le Todai Ji, dans lequel on entre par l'extraordinaire porte du sud, de 25 mètres de haut, soutenue par 18 piliers, construite au 8ème siècle; elle est encadrée de deux divinités grimaçantes du 13ème siècle, de 8 mètres environ, malheureusement protégées, comme souvent, par un grillage. Après être passés devant une lanterne en bronze de haute taille, nous arrivons à un bâtiment immense : ce serait la plus grande structure en bois du monde, le Daibatsu Den, qui abrite ce qui est sans doute l'un des plus grands bronzes du monde, et en tout cas le plus imposant du Japon : une statue du Bouddha de 437 tonnes, nettement plus grande que celle de Kamakura, et coulée en 751.

D'autres grandes statues l'entourent, mais les photos sont interdites. Dommage!


Un peu plus loin dans le parc se dresse le sanctuaire shintoïste Kasugo Taisha, qui retient l'attention surtout par l'incroyable collection de lanternes, en pierre surtout mais aussi en bronze qui

bordent sur des centaines de mètres les différentes allées y conduisant ; elles sont des milliers, de deux mètres de haut environ, et à l'intérieur on trouve encore quantité de lanternes en bois ou en bronze.

Revenant vers le centre-ville et négligeant le musée, nous arrivons au temple Kofuko Ji, à la limite du parc. La plupart de ses 175 bâtiments ont été détruits (des archéologues sont au travail, dégageant adroitement les vestiges des bâtiments disparus), et il reste cependant un fort joli petit pavillon et une très belle pagode à 5 étages, 6 fois reconstruite.

Un autre bâtiment abrite le Musée des trésors nationaux, qui renferme une extraordinaire collection de dizaine de statues, généralement en bois mais aussi en bronze, âgées de 8 à 13 siècles.

La plus belle pièce, une divinité à 6 bras qui illustre tous les prospectus, est absente, mais une étrange figure, flanquée d'une vingtaine de bras armés, domine les autres de ses 8 à 10 mètres.

En contrebas de la pagode s'étend un lac dans lequel nagent de nombreuses tortues et au-delà commence un quartier pittoresque, Nara Machi, fait de maisons basses en bois qui s'alignent au long des rues et offrent bibelots, salons de thé, échoppes... La plupart sont fermées.


Nous revenons en flânant à la gare de Nara, où nous reprenons notre express comme la nuit s'abat.

Quarante-cinq minutes plus tard nous sommes à Kyoto, profitant bientôt de la chaleur du bain japonais avant une courte veillée lecture.

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