dimanche 6 septembre 2009

Voir le Japon... # 7

Dimanche 6 septembre : l'art dans le pré

Pas terrible, la nuit sur le futon! C'est bien mince et on se retourne beaucoup pendant de longues heures. Dès huit heures les jeunes sont à nouveau dans l'onsen, dont ils remontent tout humides pour le petit déjeuner.

Evidemment, ni biscottes ni brioches, mais un nouveau repas à la japonaise, avec riz, poisson et nombreuses substances étranges, gluantes ou filiformes. Puis, les bagages refaits et confiés à la réception, nous prenons le temps de découvrir le jardin, d'un demi-hectare peut-être, qui occupe un vallon sous nos fenêtres : une herbe tondue très ras, sous des arbustes souvent taillés avec précision et des arbres plus grands, pas une feuille sur les allées qui serpentent et conduisent vers une petite pièce d'eau où comme il se doit s'agitent d'énormes cyprins blanc, rouges, jaunes ou tachetés (leur taille témoigne de la prospérité de la maison, c'est pourquoi ils sont si gros). Manou et Stéphane multiplient les prises de vues, les poses, à la recherche de l'angle et de la lumière les plus favorables, avec leur gros réflex numérique ultra-performant, un joujou tout récent mais qu'ils envisagent déjà de remplacer par un plus perfectionné encore.


Plus haut dans la vallée, à Chokoku no mori, plusieurs musées ont ouvert, ainsi un musée Lalique et un musée d'art moderne en plein air. C'est celui-ci qui nous motive ce matin et donc nous prenons un petit train qui se hisse au prix de plusieurs épingles à cheveux jusqu'à proximité de l'entrée.

Sur plusieurs hectares engazonnés, légèrement inclinés, sont disposés de nombreux bronzes, dont un Balzac hiératique de Rodin, un Mayol plantureux, un Bourdelle, de nombreuses oeuvres d' Henry Moore, ainsi que des compositions non-figuratives. Dans un cadre semblable, impossible de ne pas apprécier la sculpture et nous pouvons déambuler tranquillement d'une oeuvre à l'autre, cherchant le bon angle pour nos photos. Au bas de la pelouse se dresse une tour ronde d'une douzaine de mètres de haut, oeuvre d'un artiste français. C'est de l'intérieur qu'il faut la découvrir : tout entière de vitrail de béton, la lumière donne vie à une foule de personnages et d'animaux, de formes diverses, aux chaudes couleurs, qu'on découvre en gravissant ou en redescendant un double escalier en colimaçon.


Un peu plus loin, au-delà de la boutique, s'élève le pavillon Picasso, qui propose surtout un certain nombre de céramiques de l'artiste, et quelques études.

Un bento plus tard, nous reprenons le bus pour Moto Hakone; en l'attendant nous avons la surprise d'être interpellés d'un « Où voulez-vous aller? » prononcé sans accent par un retraité japonais qui a longtemps travaillé à Paris et est tout heureux de nous parler. Enfin un Japonais francophone!

De Moto Hakone dévale vers l'est la voie du Tokkaïdo, itinéraire autrefois obligatoire pour relier Kyoto à Edo (Tokyo), piste mal pavée qui traverse la forêt et que Manou et Stéphane veulent emprunter. A plus ! De notre côté, nous allons flâner au bord du lac, cheminant sur une allée pavée qui serpente sous des arbres de haute taille, regardant glisser sur le lac tout bleu ferries, bateaux pirates et d'étranges pédalos en forme de cygnes géants... Un torii planté au bord de l'eau marque un accès à un grand temple peint en rouge vif, le sanctuaire Hakone Gongen, qui éparpille ses bâtiments et ses oratoires dans la pente, entre des troncs souvent énormes dont certains sont eux-mêmes objets de dévotion.

Le retour à Hakone est bien lent, car nous vivons ce soir notre premier embouteillage japonais. Les jeunes sont arrivés depuis peu après n'avoir fait qu'une partie du trajet à pied, et terminé en car. Mais ils ont négocié avec la direction de l'hôtel le droit de retourner goûter l'eau de l'onsen une dernière fois, et nous nous y précipitons donc avant de reprendre le chemin de la gare. Revenus vers 21 h à Ookayama, nous évitons soigneusement tout ce qui ressemble à du poisson et à du riz... Finalement, la cuisine japonaise, c'est bien, mais pas trop longtemps.

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