jeudi 3 septembre 2009

Voir le Japon... # 4

Jeudi 3 septembre : hôpital et boutiques

Le réveil sonne bien tôt ce matin ! Nous devons aller à l'hôpital pour l'INR d'Yvette. Stéphane et Manou ont dû s'employer pour savoir où aller, et c'est en définitive le Tokyo Hospital qui occupe le même immeuble que la station de métro d'Ookayama, un immeuble récent de cinq ou six étages sur les murs duquel grimpent, en un vaste jardin suspendu, de nombreuses lianes.


L'intérieur est clair, avec des matériaux presque luxueux et de grands espaces. Derrière le comptoir à angle droit s'affairent une dizaine au moins de jeunes femmes toutes équipées d'un masque, serviables et attentives, dont une s'exprime bien en anglais. Après des explications complexes et la confection du dossier, elle nous accompagne jusqu'au couloir où attendre l'appel de notre numéro. La présence d'étrangers est apparemment incongrue, car tout à coup un médecin arrive et prétend nous envoyer à la clinique internationale, proche de l'ambassade, où se trouvent des médecins francophones. Il faut lui expliquer à nouveau qu'il ne s'agit que d'un dosage d'INR et de son interprétation, ce qui finit par le tranquilliser : on change de couloir, la prise de sang est effectuée, on va dans un troisième couloir rencontrer un autre médecin, et c'est enfin fini, sous réserve de payer et d'obtenir une traduction en anglais, à défaut de français, pour la facture.

La matinée tire déjà à sa fin, et Manou est venue nous retrouver et doit attendre. Avec elle nous explorons la rue voisine, essayons de retrouver nos marques d'Européens, ce qui n'est pas toujours facile. Les boutiques sont petites, avec peu de personnel, et nous peinons à reconnaître leurs produits. Et puis Manou pousse la porte d'un minuscule restaurant où elle a apparemment ses habitudes : du riz, du poisson (cru! mais oui!), des pousses de bambou, des coquilles St Jacques : pas si mal... on va finir par virer nippophiles, nous aussi. Manou et Stéphane le sont depuis longtemps.

La journée a déjà été assez fatigante pour Yvette, qui reste à se reposer lorsque Manou retourne au travail. Donc le mari va seul à l'aventure cet après-midi, vers tout d'abord le parc Meiji Jingu, à l'entrée duquel se dresse un immense Torii (le grand portail symbolique qui marque l'entrée des sanctuaires shintoïstes), et au-delà des arbres immenses créant une atmosphère quasi-crépusculaire, dans lesquels crient d'énormes corbeaux (voici peu, un de ces bestiaux a attaqué Manou, sans doute après avoir revu « Les oiseaux », et depuis elle redoute d'en rencontrer). Ce parc faisait partie lui aussi du domaine impérial, et en conserve un musée - fermé hélas... Un gymnase pour l'apprentissage des arts martiaux... une rivière avec pont de pierre et carpes colorées, de grandes pelouses avec étudiants étendus, et puis un grand temple (le mot immense vient trop souvent dans mon récit, il faut trouver d'autres termes!), tout en bois bien sûr, où se pressent les visiteurs qui accrochent leurs voeux et leurs prières autour des arbres de la cour. Tout près, voilà un surprenant amoncellement de pièces de bourgogne en chêne clair, de toutes les dernières années, témoignage d'une sorte de jumelage entre le vignoble français et le temple.


Un jardin aux allées courbes est là tout près, descendant vers des pièces d'eau et égayé d'abris en chaume. Mais la saison n'est pas propice, et le jardin des iris, comme celui des azalées, ont perdu depuis longtemps leur floraison... Dommage, le spectacle doit en valoir la peine, au printemps.

A la sortie du parc, on enjambe la ligne de métro et on retrouve la civilisation la plus moderne et la plus trépidante : l'avenue Omotesando Dori, sorte de Champs Elysées japonais, en moins large toutefois, où apparemment la jeunesse doit se faire voir, et défile et se croise dans un calme parfait, sans même faire de lèche-vitrine. Pourtant les boutiques, aux formes diverses, parfois temples grecs, parfois cylindres ou cubes de verre, parfois surplombant la rue, ont comme à Ginza voici deux jours des noms prestigieux, ceux qui symbolisent tout le luxe de l'Europe ou de l'Amérique. La foule passe et coule et déambule, si dense que la traversée au feu vert s'apparente à une sortie de stade ou à une manif. Les gens sont jeunes, toujours bien habillés, le plus souvent en noir mais parfois de façon excentrique (après avoir porté l'uniforme au lycée, les filles ont une brève période de révolte vestimentaire et capillaire, avant de rentrer dans le droit chemin de la coutume et d'une société bien conformiste).

Comme la nuit tombe vite ! Peu après cinq heures tout s'éclaire, et la nuit ramène les flâneurs au bercail. Manou montre à nouveau ses talents (omelette, pommes de terre, tofu...). Pendant le repas un appel via Skype nous parvient de Viviane, avec Domi en parallèle au téléphone, et nous retissons les fils, de l'Orient à l'Europe lointaine.

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