mercredi 2 septembre 2009

Voir le Japon... # 3

Mercredi 2 septembre : une vue d'ensemble

Au réveil, vers 9 heures, Manou et Stéphane sont déjà partis au boulot, laissant cette fois encore un mot gentil et une table toute mise. Après, direction Tochomae, ce qui veut dire se coltiner une fois de plus, d'abord, le métro et sa complexité. Mais ça va aller mieux grâce à une arme secrète : nous disposons maintenant de passes, des cartes rechargeables utilisables sur tous les réseaux, ce qui va nous libérer de toutes nos interrogations sur l'achat des billets et leur prix.

A Tochomae, on débouche dans une sorte de forum décoré de jardinets et de statues, enserré sous des voies de circulation surmontées d'immeubles dignes de Manhattan, dont les deux tours jumelles, de plus de 240 mètres de haut, qui hébergent la mairie, ou plutôt le gouvernorat de Tokyo. Un ascenseur nous hisse en une trentaine de secondes presque jusqu'au sommet, et nous nous retrouvons au 45ème étage, dans une sorte de haute rotonde très large, avec d'immenses baies de tous côtés permettant de nous faire une idée de ce qu'est la métropole tokyoïte, de son étendue et de sa diversité. Alternent, à courte distance, des immeubles parfois encore plus hauts, des chantiers qui s'apprêtent apparemment à les dépasser, et des quartiers anciens, tout en bas, aux rues étroites et aux vieilles maisonnettes en matériaux légers plus pittoresques que luxueuses ; entre eux se glissent des parcs dont les grands arbres sont ramenés, vus d'ici, aux dimensions de petits buissons. Plus loin, la ville s'étend, observable presque à 360 degrés, et un peu partout s'élèvent d'autres tours, s'étendent d'autres vieux quartiers, s'étalent d'autres parcs. Malheureusement le temps est gris, le plafond bas et la visibilité limitée : ni l'océan ni les montagnes ne sont visibles : rien qu'une ville, ville interminable, ville-pays.


Le temps est compté : il faut maintenant redescendre, trouver quelque chose à manger (ce n'est pas difficile, finalement, on trouve presque partout des restaurants bon marché avec des plats garnis à partir de 500 yens, soit 4 euros à peine ; la difficulté est de choisir, ou de trouver, quelque chose qui convienne à nos goûts... exotiques). Donc après un repas ultra-rapide, on revient au Gouvernorat, dont le rez-de-chaussée abrite l'Office de tourisme où nous avons rendez-vous avec Masa et Miyoko. Grave impair, alors que la visite démarre à 13 heures, nous n'arrivons qu'après 12 h 45, ce qui fait que Masa est déjà en train de téléphoner à Manou pour comprendre ce qui se passe... notre connaissance de l'étiquette japonaise est bien prise en défaut.

Présentations faites – Masa et Miyoko sont tous deux retraités, lui ancien commercial en Europe et en Afrique, volubile et direct, elle ancienne prof d'anglais, discrète et retenue – nous prenons un train, ou peut-être bien un métro, pour Asakusa, un des plus vieux quartiers de Tokyo. On y pénètre par une porte monumentale en bois peint surmontée d'une énorme boule (restaurée récemment grâce à la générosité de Panasonic) et gardée par deux statues aux attitudes terrifiantes représentant le tonnerre et le vent, entourées d'autres figurant des divinités protectrices. Derrière, c'est une sorte de centre commercial, des boutiques serrées les unes contre les autres dégorgeant vêtements, nourriture, objets divers à des prix apparemment bien plus intéressants qu'à Ginza. La foule n'est pas trop dense : aujourd'hui n'est pas en période de vacances ni jour de congé. Au milieu des boutiques, nous découvrons un petit sanctuaire shintoïste ; devant pend la corde, actionnant une cloche, que tirent les fidèles venant se recueillir, et sont accrochés ex-votos et fétiches blancs.

De l'autre côté du marché, après une nouvelle porte avec boule et statues, se dresse un temple immense, le temple malheureusement masqué par des échafaudages, dont on peut bien voir l'intérieur, et entouré de différents sanctuaires : dans l'un se dressent d'énormes ratons laveurs protecteurs des brasseries, dans d'autres, dédiés aux enfants morts-nés ou morts en bas âge, les statues enfantines sont affublées de bavoirs... Plus loin et plus surprenant, un autre, très fréquenté paraît-il, dédié aux... aiguilles brisées de couturières...


Une haute pagode de quatre ou cinq étages se dresse près de là également.
Avant de nous quitter, nos guides tiennent à nous accompagner jusqu'à l'embarcadère, au bord de la Sumidagawa, où nous devons prendre le bateau pour descendre jusqu'au port, jusqu'à l'océan. Nous sommes 100 à 200 sur le bateau, avec une jeune animatrice qui s'accroche au micro, fait des mines et refuse de se taire pendant tout le trajet. Des deux côtés de la rivière, de la largeur de la Saône à peu près, se succèdent des immeubles plus ou moins hauts et des « express-ways » sortes d'autoroutes sur pilotis montant parfois jusqu'au troisième étage ; de hautes portes métalliques ferment des canaux conduisant à des entrepôts. Après une demi-heure environ nous débarquons à Hikone, à l'entrée du port. En fait, plusieurs îles artificielles occupent cette zone, occupées par des entrepôts, des centres commerciaux, des musées ou des parcs d'attraction ; le port doit être pour l'essentiel au-delà.

On doit ensuite marcher un moment pour rejoindre la ligne Yamanote, la ligne de métro de Japan Railways qui décrit un cercle autour du centre et qui voit passer des centaines de milliers de passagers chaque jour. Evidemment, comme notre intuition n'est pas parfaite, ou notre culture locale toujours aussi imparfaite, nous partons en sens inverse, ce qui nous oblige à vite descendre et revenir sur nos pas (il est vrai qu'on aurait pu faire le tour entier, mais le trajet aurait été considérablement allongé). Nous retrouvons à l'heure, à Oimachi, Stéphane et Manou qui nous conduisent dans un restaurant traditionnel organisé autour d'un immense bar, où nous nous régalons de grillades de viande ou de poisson, d'oeufs, de légumes, dans une atmosphère détendue. Nous commençons à maîtriser les baguettes, il le faut ! et à nous habituer au poisson cru, délicat et parfois presque sucré, pas seulement mangeable mais bon tout simplement. Et à huit heures nous rentrons (les jeunes en scooter) pour discuter un petit moment et nous mettre au lit.

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